L’or à 4 000 $ US : qu’est-ce qui explique cette envolée et que nous réserve l’avenir?

Corrado Tiralongo - 5 novembre 2025

Découvrez les facteurs derrière la hausse de l’or et les perspectives pour ce précieux métal. 

Sommaire

L’or a franchi la barre des 4 000 $ US l’once, enregistrant une hausse d’environ 50 % depuis le début de l’année. Initialement stimulée par les banques centrales et la demande chinoise, cette progression a récemment été ravivée par des afflux d’investisseurs provenant des marchés occidentaux.

Ce momentum s’explique par des facteurs à la fois fondamentaux et comportementaux : la baisse des rendements réels, les inquiétudes budgétaires et une certaine euphorie des investisseurs.

Bien que le prix de l’or puisse continuer à grimper en termes nominaux, les risques à court terme d’une pause ou d’un recul ont augmenté, car une partie du redressement s’éloigne des facteurs macroéconomiques traditionnels.

À plus long terme, l’évolution réelle du prix de l’or pourrait davantage ressembler au cycle prolongé de 2008 à 2014 qu’à la flambée aussi spectaculaire qu’éphémère de la fin des années 1970.

Des banques centrales aux investisseurs : ce qui explique cette flambée de l’or

La récente envolée du prix de l’or s’est élargie et consolidée. Au début de l’année, la hausse reposait principalement sur une forte demande de la Chine et des banques centrales, mais à la fin de l’été, ce sont les investisseurs occidentaux qui ont pris le relais. En septembre, les acheteurs nord-américains représentaient environ 60 % des entrées mensuelles record dans les FNB adossés à l’or, ce qui marque un net retour de la participation institutionnelle.

Les banques centrales demeurent un pilier de soutien durable. Leurs achats nets restent bien au-dessus des niveaux d’avant la pandémie, et les données de sondage indiquent que les gestionnaires de réserves prévoient de continuer à diversifier leurs avoirs en s’éloignant du dollar américain au cours des prochaines années. Cette tendance reflète à la fois une inquiétude croissante quant à la viabilité budgétaire et une reconfiguration géopolitique plus large qui a transformé la gestion des réserves mondiales depuis 2022.

Contexte macroéconomique : baisse des taux réels, hausse de l’incertitude

Plusieurs facteurs continuent de soutenir l’attrait de l’or. Les taux d’intérêt réels devraient diminuer à mesure que la Réserve fédérale commence à assouplir sa politique monétaire, tandis que l’inflation demeure proche de 3 %. Historiquement, l’or entretient une relation négative avec les rendements réels, et la perspective de taux plus bas pourrait contribuer à maintenir la vigueur du métal.

Parallèlement, les risques budgétaires et géopolitiques demeurent élevés. Les déficits persistants des États-Unis, les différends récurrents sur le plafond de la dette et le regain des tensions tarifaires ont renforcé la demande des investisseurs pour des actifs perçus comme des refuges. Dans ce contexte, le rôle de l’or comme couverture de portefeuille, en particulier dans les stratégies équilibrées ou multiactifs, a refait surface, soutenu tant par les investisseurs institutionnels que par les particuliers en quête de diversification face aux risques liés aux politiques et aux marchés.

Quand l’enthousiasme dépasse les simples données fondamentales

Les gains récents de l’or ne sont pas tous attribuables aux données fondamentales. La hausse de 10 % observée depuis la mi-septembre s’est produite alors que le dollar américain est demeuré stable et que les rendements réels ont légèrement augmenté, ce qui indique que ce sont les sentiments, plutôt que les données, qui ont mené à la dernière étape de cette hausse. Bref, la crainte de rater l’occasion s’est imposée sur le marché.

La hausse s’est également étendue aux actions aurifères, où les principaux indices des mines d’or ont progressé d’environ 120 % depuis le début de l’année, surpassant de loin les gains du métal sous-jacent. Ce niveau de surrendement illustre la sensibilité amplifiée des sociétés minières aux prix au comptant, mais témoigne aussi d’une participation spéculative croissante. Historiquement, de telles divergences marquées entre les actions minières et le lingot ont tendance à se résorber lorsque l’élan s’essouffle.

Ce revirement accroît le risque d’un repli à court terme si les attentes concernant le rythme des baisses de taux sont revues à la baisse ou si l’inflation ralentit plus rapidement que prévu. La Réserve fédérale pourrait réduire ses taux plus lentement que ce que les marchés anticipent actuellement, ce qui pourrait freiner l’élan haussier de l’or à court terme.

* Conseil mondial de l’or (2025). Gold Demand Trends Q3 2025.

Bloomberg Intelligence (2025). Commodities Update: Gold ETF Flows, October 2025.

Le rôle de la Chine : une demande inégale, mais durable

Un autre développement notable est le récent ralentissement de la demande chinoise en or. La prime du prix de l’or à Shanghai – un indicateur clé de l’appétit national pour ce métal – est devenue négative, atteignant un creux de cinq ans.

Cela reflète le rendement plus solide des actions chinoises, qui a temporairement réduit l’attrait relatif de l’or.

Néanmoins, la faiblesse semble cyclique plutôt que structurelle. La tendance à l’accumulation à long terme de l’or par la Chine demeure intacte, soutenue par l’augmentation de la richesse des ménages, la diversification des devises et la volonté stratégique du gouvernement de détenir moins d’actifs libellés en dollars américains. Historiquement, la demande chinoise a tendance à fluctuer pendant les hausses boursières, mais elle reprend lorsque le rendement des actions se normalise.

Positionnement tout au long du cycle

Pour ce qui est de l’avenir, le cycle actuel de l’or pourrait avoir tendance à évoluer de manière plus semblable à la reprise prolongée de 2008 à 2014 qu’à la flambée parabolique de la fin des années 1970. Dans ce scénario, l’or devrait demeurer bien soutenu en valeur nominale, même si les rendements réels se stabilisent.

Pour les portefeuilles diversifiés, l’or continue de jouer un rôle précieux de stabilisateur. La combinaison d’un ralentissement de la croissance mondiale, de divergences dans les politiques monétaires et d’une incertitude budgétaire persistante plaide en faveur du maintien d’une certaine exposition à l’or – non pas comme pari spéculatif, mais dans le cadre d’une approche plus large de gestion des risques.

Dernières réflexions

À 4 000 $ US l’once, l’or teste les limites de l’évaluation... et de la psychologie. Les facteurs sous-jacents – accumulation par les banques centrales, inquiétudes budgétaires et tensions géopolitiques – demeurent bien présents, mais le sentiment du marché joue désormais un rôle plus important.

Il est important de noter que, exprimé en dollars réels, c’est-à-dire après un rajustement en fonction de l’inflation, le prix de l’or se situe actuellement près de ses sommets historiques. Les périodes de prix réels exceptionnellement élevés ont souvent été suivies d’une baisse des rendements réels, une tendance qu’Erb et Harvey ont d’abord décrite comme le « dilemme de l’or ». Ce terme fait référence à la tension entre le rôle de l’or comme protection et le risque que les investisseurs le paient trop cher. Les évaluations élevées actuelles, combinées à de solides entrées d’argent dans les FNB et à des achats motivés par des considérations politiques de la part des banques centrales, laissent entendre qu’une bonne partie de la performance récente est peut-être déjà intégrée dans les prix.

Bien que le contexte à long terme demeure favorable, l’équilibre à court terme des risques exige plus de rigueur que d’enthousiasme. L’or continue de jouer un rôle d’assurance dans les portefeuilles, ce qui est précieux en période de tensions politiques ou de volatilité des marchés, mais coûteux lorsque la confiance revient.

Les périodes de prix réels exceptionnellement élevés ont souvent été suivies d’une baisse des rendements réels, une tendance qu’Erb et Harvey ont d’abord décrite comme le « dilemme de l’or ». Du point de vue du portefeuille total, Gestion de placements Canada Vie limitée détient une exposition directe et indirecte à l’or au moyen de contrats à terme sur lingots et d’actions de sociétés minières aurifères. Ces expositions offrent une diversification et une couverture modeste contre l’inflation.

Lisez une analyse complémentaire qui approfondira la question de l’évaluation : comment les prix réels élevés, le comportement des FNB et les flux liés à la « dédollarisation » redéfinissent le profil risque-rendement de l’or à long terme.

Corrado Tiralongo (il/lui)

Vice-président, Répartition de l’actif et chef des placements

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